samedi 11 septembre 2021

CUI BONO


« À qui profite-t-il? » C'est la traduction de la locution latine « cui bono », souvent utilisée pour suggérer un motif caché ou pour indiquer que la partie responsable de quelque chose n'est pas ce qu'elle paraît être à première vue. Si vous êtes un fan des films et romans policiers comme moi, vous savez que la question: « à qui profite le crime? », permet souvent aux enquêteurs de trouver le vrai coupable dans une affaire criminelle, car les personnes qui ont quelque chose à gagner ne sont pas toujours évidentes. Qui eût cru que j'aurais besoin de me poser cette question dans le cadre paisible de la lecture de la Bible en 5 jours? 

Avant de vous raconter ce qui s'est passé, j'aimerais vous rappeler une histoire bien connue. Ici, la victime n'était pas vraiment une victime, car il donnait sa vie de lui-même. Il connaissait déjà ceux qui allaient le tuer, quand et comment cela allait se passer, et pourquoi il devait mourir. Il en avait même parlé à son entourage. « Alors il commença à leur apprendre qu'il fallait que le Fils de l'homme souffrît beaucoup, qu'il fût rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu'il fût mis à mort, et qu'il ressuscitât trois jours après » (Marc 8:31). 
À qui profite la mort de Jésus - et sa résurrection? Qui en bénéficie? « Élémentaire mon cher Watson! », me diriez-vous. Pour les chrétiens de 2000 ans plus tard qui ont une vue d'ensemble de l'histoire, avec l'Ancien et le Nouveau Testament, nous savons que c'était le plan de Dieu pour nous sauver, et que Jésus est mort pour nos péchés. Mais pour les contemporains de Jésus, Pierre en particulier, ce n'était pas si évident que cela. Il s'est mis à reprendre Jésus. Et Jésus lui a répondu: « Arrière de moi, Satan! Car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n'as que de pensées humaines. » Si Jésus renonçait à la souffrance et la mort de la croix, nous serions les grands perdants, et Satan, le bénéficiaire. À propos de ce passage, les auteurs des notes de l'Africa Study Bible commentent que très souvent, nous voyons les problèmes d'ordre spirituel avec une perspective humaine, ce qui est dangereux. 

Face à certaines situations nous pouvons agir ou réagir en croyant que nous agissons pour notre bien, ou pour celui de nos proches, ou encore pour Dieu. Alors que comme Pierre, nous sommes en train de faire obstacle à la volonté de Dieu, et c'est l'ennemi qui profite de notre action. Par exemple, face à un cas d'offense, je peux me mettre en colère et chercher à me venger; je peux aussi battre en retraite, m'éloigner, rompre la relation. Mais si le résultat de ma réaction c'est un cœur brisé, le ressentiment, une âme perdue, ou l'œuvre de Dieu interrompue, c'est l'ennemi qui profite de cet état des choses. D'un autre côté, je peux paraître faible et lâche aux yeux des hommes en pardonnant, en aimant ou en persévérant, je peux même être perdante sur le plan humain; mais sur le plan spirituel, c'est la victoire sur le péché et le mal, et éventuellement une âme gagnée à Christ, ou ayant vu l'amour et la grâce de Dieu se manifester. À qui profite ce que je compte faire? C'est la question que j'aurais dû me poser quand il y a eu ce petit incident, lors de notre programme de la lecture de la Bible, en août dernier. 

Pour pouvoir lire toute la Bible en 5 jours, il faut une équipe d'une quinzaine de lecteurs, se relayant par groupe de 3. Certains – les anciens en général – sont plus rapides que d'autres. Alors l'astuce est de programmer les lecteurs rapides plusieurs fois, afin qu'ils prennent une bonne avance sur le programme, et permettre ainsi aux nouveaux de lire à leur rythme. Un de ces jours, je me suis retrouvée dans une équipe dont les 2 autres jeunes filles étaient moins rapides. Pendant qu'on lisait, l'une d'elle avait de plus en plus de mal à lire. Il restait juste 2 chapitres avant la relève. Alors le diacre qui dirigeait a dû vite prendre une décision sans interrompre la lecture. Lorsque mon tour vint de lire, il me fit discrètement signe de terminer la lecture sans repasser la parole aux autres. Ce que je fis. Mais alors que je levais les yeux à la fin de la lecture, et que je me tournais vers les deux jeunes lectrices, j'ai tout de suite compris qu'elles s'étaient senties lésées et avaient été blessées par cette décision. L'une d'elle s'est promptement levée et est sortie de la salle. L'autre était au bord des larmes. Et moi, je me sentais très mal et je craignais de passer pour une prétentieuse aux yeux de la foule. En effet, peu de gens savaient que c'était le diacre qui m'avait demandé de terminer la lecture. Je ne me souciais que de ma réputation. Alors je m'en suis prise à lui et je lui ai reproché de m'avoir ainsi exposée aux critiques. Après cet incident, l'équipe des lecteurs n'était plus la même. Certains étaient fâchés, d'autres frustrés. La jeune fille qui est sortie a décidé de poursuivre le programme comme auditrice. L'autre a préféré aller donner un coup de main à la cuisine. Et moi, j'ai décidé d'aller faire une sieste pendant la pause, et de ne revenir que quand la lecture aurait déjà commencé. Et quand je suis revenue, j'affichais un air maussade pour décourager le diacre de faire appel à moi. À un moment, je l'ai vu tourner la tête à gauche et à droite, cherchant à constituer des équipes pour la prochaine relève, dans le souci de terminer le programme dans les délais impartis. C'est alors que l'évidence de cette situation m'a frappée, comme un ultime indice qui permet de résoudre l'énigme. « À qui profite notre démission? », me suis-je demandée. Certainement pas à nous; quoique nous ayons adopté ces différentes attitudes pour notre propre bénéfice, nous n'en étions pas moins malheureuses. Seul l'ennemi commun des enfants de Dieu, gagnait à ce que le programme de la lecture de la Bible finisse en queue de poisson, et que les lecteurs éprouvent du ressentiment les uns envers les autres. Ayant réalisé cela, je me suis rapidement repentie et j'ai fait un pas de réconciliation vers les autres. 

Alors je te demande, dans cette situation que tu traverses, qui te donne envie d'abandonner, ou de riposter durement...cui bono, à qui cela profite-t-il?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

The fable of Kabisa the Dog and Kidogo the Donkey

 ( Personal writing challenge, write a story based on this image) A donkey and a dog belonged to the same master. The donkey, called Kidog...