« À qui profite-t-il? » C'est la traduction de la locution latine « cui bono », souvent utilisée pour suggérer un motif caché ou pour indiquer que la partie responsable de quelque chose n'est pas ce qu'elle paraît être à première vue. Si vous êtes un fan des films et romans policiers comme moi, vous savez que la question: « à qui profite le crime? », permet souvent aux enquêteurs de trouver le vrai coupable dans une affaire criminelle, car les personnes qui ont quelque chose à gagner ne sont pas toujours évidentes. Qui eût cru que j'aurais besoin de me poser cette question dans le cadre paisible de la lecture de la Bible en 5 jours?
Avant de vous raconter ce qui s'est passé, j'aimerais vous rappeler une
histoire bien connue. Ici, la victime n'était pas vraiment une victime, car il
donnait sa vie de lui-même. Il connaissait déjà ceux qui allaient le tuer, quand
et comment cela allait se passer, et pourquoi il devait mourir. Il en avait même
parlé à son entourage. « Alors il commença à leur apprendre qu'il fallait que le
Fils de l'homme souffrît beaucoup, qu'il fût rejeté par les anciens, par les
principaux sacrificateurs et par les scribes, qu'il fût mis à mort, et qu'il
ressuscitât trois jours après » (Marc 8:31).
À qui profite la mort de Jésus - et sa résurrection?
Qui en bénéficie? « Élémentaire mon cher Watson! », me diriez-vous. Pour les
chrétiens de 2000 ans plus tard qui ont une vue d'ensemble de
l'histoire, avec l'Ancien et le Nouveau Testament, nous savons que c'était le
plan de Dieu pour nous sauver, et que Jésus est mort pour nos péchés. Mais pour
les contemporains de Jésus, Pierre en particulier, ce n'était pas si évident que
cela. Il s'est mis à reprendre Jésus. Et Jésus lui a répondu: « Arrière de moi,
Satan! Car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n'as que de pensées
humaines. » Si Jésus renonçait à la souffrance et la mort de la croix, nous
serions les grands perdants, et Satan, le bénéficiaire. À propos de ce passage,
les auteurs des notes de l'Africa Study Bible commentent que très souvent, nous
voyons les problèmes d'ordre spirituel avec une perspective humaine, ce qui est
dangereux.
Face à certaines situations nous pouvons agir ou réagir en croyant que nous agissons pour notre
bien, ou pour celui de nos proches, ou encore pour Dieu. Alors que comme Pierre,
nous sommes en train de faire obstacle à la volonté de Dieu, et c'est l'ennemi
qui profite de notre action. Par exemple, face à un cas d'offense, je peux me
mettre en colère et chercher à me venger; je peux aussi battre en retraite,
m'éloigner, rompre la relation. Mais si le résultat de ma réaction c'est un cœur
brisé, le ressentiment, une âme perdue, ou l'œuvre de Dieu interrompue, c'est
l'ennemi qui profite de cet état des choses. D'un autre côté, je peux paraître
faible et lâche aux yeux des hommes en pardonnant, en aimant ou en persévérant,
je peux même être perdante sur le plan humain; mais sur le plan spirituel, c'est
la victoire sur le péché et le mal, et éventuellement une âme gagnée à Christ,
ou ayant vu l'amour et la grâce de Dieu se manifester. À qui profite ce que je
compte faire? C'est la question que j'aurais dû me poser quand il y a eu ce
petit incident, lors de notre programme de la lecture de la Bible, en août
dernier.
Pour pouvoir lire toute la Bible en 5 jours, il faut une équipe d'une
quinzaine de lecteurs, se relayant par groupe de 3. Certains – les anciens en
général – sont plus rapides que d'autres. Alors l'astuce est de programmer les
lecteurs rapides plusieurs fois, afin qu'ils prennent une bonne avance sur le
programme, et permettre ainsi aux nouveaux de lire à leur rythme. Un de ces
jours, je me suis retrouvée dans une équipe dont les 2 autres jeunes filles
étaient moins rapides. Pendant qu'on lisait, l'une d'elle avait de plus en plus
de mal à lire. Il restait juste 2 chapitres avant la relève. Alors le diacre qui
dirigeait a dû vite prendre une décision sans interrompre la lecture. Lorsque
mon tour vint de lire, il me fit discrètement signe de terminer la lecture sans
repasser la parole aux autres. Ce que je fis. Mais alors que je levais les yeux
à la fin de la lecture, et que je me tournais vers les deux jeunes lectrices,
j'ai tout de suite compris qu'elles s'étaient senties lésées et avaient été
blessées par cette décision. L'une d'elle s'est promptement levée et est sortie
de la salle. L'autre était au bord des larmes. Et moi, je me sentais très mal et
je craignais de passer pour une prétentieuse aux yeux de la foule. En effet, peu
de gens savaient que c'était le diacre qui m'avait demandé de terminer la
lecture. Je ne me souciais que de ma réputation. Alors je m'en suis prise à lui
et je lui ai reproché de m'avoir ainsi exposée aux critiques. Après cet
incident, l'équipe des lecteurs n'était plus la même. Certains étaient fâchés,
d'autres frustrés. La jeune fille qui est sortie a décidé de poursuivre le programme comme auditrice. L'autre a préféré aller
donner un coup de main à la cuisine. Et moi, j'ai décidé d'aller faire une
sieste pendant la pause, et de ne revenir que quand la lecture aurait déjà
commencé. Et quand je suis revenue, j'affichais un air maussade pour décourager
le diacre de faire appel à moi. À un moment, je l'ai vu tourner la tête à gauche
et à droite, cherchant à constituer des équipes pour la prochaine relève, dans
le souci de terminer le programme dans les délais impartis. C'est alors que
l'évidence de cette situation m'a frappée, comme un ultime indice qui permet de
résoudre l'énigme. « À qui profite notre démission? », me suis-je demandée.
Certainement pas à nous; quoique nous ayons adopté ces différentes attitudes
pour notre propre bénéfice, nous n'en étions pas moins malheureuses. Seul
l'ennemi commun des enfants de Dieu, gagnait à ce que le programme de la lecture
de la Bible finisse en queue de poisson, et que les lecteurs éprouvent du
ressentiment les uns envers les autres. Ayant réalisé cela, je me suis
rapidement repentie et j'ai fait un pas de réconciliation vers les autres.
Alors
je te demande, dans cette situation que tu traverses, qui te donne envie
d'abandonner, ou de riposter durement...cui bono, à qui cela profite-t-il?

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